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Quand l’Amour ne connaît pas la Guerre

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Quand l’Amour ne connaît pas la Guerre

Quand l’Amour ne connaît pas la Guerre 2560 1714 Hélène de Heredis

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En cette période de fin d’année au contexte difficile, nous voulions partager avec vous une histoire de famille qui tient à cœur à Sandra de Heredis, notre chargée de clientèle qui vous répond et vous écrit parfois.

Retrouvailles franco-allemandes : quand l’Amour ne connaît pas la Guerre
Article écrit par Aurore M., la nièce de Sandra de Heredis

Je n’ai pas connu mon grand-père paternel, Lucien (Marcel) M.
Né en 1902, il décède en 1977 et j’arrive au monde en 1983.
Mais le destin va me permettre de partir sur ses traces durant l’été 2022 et d’être au plus proche de lui.

Voici l’histoire de ma rencontre avec ma nouvelle famille en Allemagne, issue de l’amour entre mon grand-père et une jeune femme allemande lorsqu’il est prisonnier de guerre entre 1940 et 1945.

Nous avons peu d’éléments de sa période de captivité durant la Seconde Guerre Mondiale ; alors sergent-chef, il est capturé le 21 juin 1940 dans la forêt de Goviller (Meurthe-et-Moselle) puis il est envoyé en Allemagne au Stalag III-B de Fürstenberg-sur-Oder, à 120 kms au sud-est de Berlin, enregistré sous le matricule 35955.

Les stalags sont des camps de transit pour les prisonniers français qui sont ensuite envoyés dans des kommandos de travail ou parfois des fermes selon les besoins ; ils remplacent la main-d’œuvre allemande partie au combat.

Nous savons peu de choses du (des) kommando(s) par le(s)quel(s) mon grand-père est passé ; nous retrouvons « Kdo 845 » inscrit au dos d’une des rares photos que nous avons.

[1] Mon grand-père en bas à droite en train de jouer de la mandoline (Photo de famille non libre de droit, autorisée pour Heredis)

Sur cette photo déchirée [1], mon grand-père apparaît entouré de 4 autres musiciens, probablement lors d’un des moments de « divertissement » qu’ils pouvaient s’offrir. Mon grand-père jouait de la mandoline mais seul un petit bout de la tête de l’instrument reste visible sur la photo.

Avant d’être réquisitionné pour la Guerre, mon grand-père était mécanicien. Selon les informations collectées, le kommando 845 employait 200 prisonniers de guerre dans une usine d’aviation. Nous savons, entre autres, qu’il fut envoyé à Storkow, une petite ville située à mi-chemin entre le Stalag III-B et Berlin, où il travaillait dans un garage entre 1943 et 1945.

Là encore, nous n’avons qu’une photo [2], où il est assis avec 3 autres collègues à l’arrière d’une camionette.

[2] Mon grand-père assis à droite (Photo de famille non libre de droit, autorisée pour Heredis)

C’est ici qu’il rencontre une femme allemande qui habite Storkow et qui lui apporte parfois à manger : ils tombent alors amoureux l’un de l’autre. Évidemment, toute relation entre un prisonnier français et une femme allemande est proscrite durant cette période, mieux vaut donc être discret ! Nous savons que les deux amoureux se rencontrent dès qu’ils le peuvent dans un petit bois de Storkow et de cet amour naît une petite fille prénommée Gertrud le 6 septembre 1944.

Puis mon grand-père est libéré par les Russes le 16 avril 1945 ; nous imaginons donc qu’il a peu connu sa fille Gertrud entre le moment de sa naissance et le retour en France. Apparemment, une correspondance aurait existé entre mon grand-père et son amoureuse allemande, dans laquelle il aurait fait mention de Gertrud en écrivant « ma petite Trud » comme il l’appelait. Mais par peur de représailles de la police allemande qui effectue des contrôles et fouille les maisons, et parce qu’il est interdit d’entretenir des relations avec le pays dit « ennemi », la mère de Gertrud finit par brûler les lettres de mon grand-père pour éviter tout soupçon.
En effet, les Allemandes doivent rester très discrètes sur ces relations taboues car les dénonciations, les humiliations et/ou les abandons forcés sont usuels pendant cette période d’après-guerre. Les Françaises connaissent le même sort lorsqu’elles ont des relations avec les soldats allemands présents en France durant l’occupation.

De retour en France, les anciens prisonniers souhaitent oublier ce passé difficile et reprendre leur vie d’avant-guerre ou en reconstruire une nouvelle. Les récits sont empreints de tristesse et de déception lorsqu’ils évoquent leur retour et l’indifférence des Français. Mon grand-père, marié depuis 1925, a déjà une fille lorsqu’il part à la guerre. Il ne la reverra jamais ; lorsqu’il rentre, et ce fut le cas pour d’autres hommes, son épouse s’est fiancée pendant son absence, probablement pour subvenir à ses besoins et ceux de sa fille, pensant sûrement qu’elle ne reverrait pas son mari. Leur mariage est dissout en 1946 et le divorce prononcé en 1947.

[3] Une photo de mon grand-père prise avant son retour en France (Photo de famille non libre de droit, autorisée pour Heredis)

Mon grand-père retrouve un travail à Paris et rencontre alors ma grand-mère, plus jeune de 23 ans. Ils se marient le 03 juin 1950 et ils auront 7 enfants entre 1950 et 1966, dont mon père en 1953.

Du côté allemand, avec la construction du mur de Berlin et la séparation des deux Allemagne, il est impossible d’établir des contacts et d’effectuer des recherches en France, d’autant plus que Gertrud est en RDA (Allemagne de l’Est).
Il lui faudra attendre 1989 et la chute du mur de Berlin pour enfin chercher son père comme elle l’a promis à sa mère avant son décès et peut-être retrouver une famille française qui pourrait lui en apprendre davantage sur ses origines. Alors âgée de 45 ans, elle a très peu d’éléments en sa possession et n’a qu’une seule photo de son père durant sa période de captivité, celle où il est assis sur la charrette avec ses collègues de travail à Storkow.

C’est en 2015 que ma tante, Sandra, écrit aux Archives militaires de Caen afin d’obtenir des informations sur la période de prisonnier de Guerre de mon grand-père. Après plusieurs mois d’attente, les Archives militaires de Caen ont la gentillesse de nous envoyer une numérisation du registre du Stalag III-B ainsi que le courrier envoyé par Gertrud et datant de 1990 pour retrouver son père.

En 2020, nous prenons contact avec la mairie de Storkow afin d’obtenir les coordonnées de Gertrud qui a déjà 74 ans, et lui permettre de lever enfin le mystère sur ses origines en lui adressant au plus vite un courrier avec des photos de mon grand-père et sa « nouvelle » famille française. S’ensuivent 2 ans d’échanges réguliers avec Gertrud et sa famille, principalement en anglais avec ses deux filles Yvonne et Alexandra, mes nouvelles cousines, car nous ne parlons pas allemand et eux ne parlent pas français. Gertrud découvre alors qu’elle n’est plus fille unique mais qu’elle a 7 frères et sœurs en France !

Le 17 août 2022, après 2 années de restrictions sanitaires, le grand jour arrive enfin ! Je pars avec mes parents et mon chéri pour une semaine en Allemagne à la rencontre de ma nouvelle famille et sur les traces de mon grand-père.
Nous savons que cette rencontre sera émotionnellement très intense et nous avons hâte ! Nous sommes reçus par des personnes incroyablement chaleureuses avec qui la connexion s’établit tout de suite, de manière fluide et naturelle comme si nous nous connaissions depuis toujours. Tout est au rendez-vous durant ce séjour, nous passons des larmes de retrouvailles aux fous rires tout en partageant photos, anecdotes et souvenirs familiaux.

(Photo de famille non libre de droit, autorisée pour Heredis)

Gertrud ayant vécu toute sa vie à Storkow entourée de sa famille, nous permet de nous rendre sur certains lieux de mémoire empreints d’émotion. La station-service où travaillait mon grand-père n’existe plus, mais nous pouvons aller dans le petit bois de Storkow, à l’endroit exact où il rencontrait secrètement la mère de Gertrud et où elle lui apportait à manger, sur une petite colline où se trouvaient auparavant une table et un banc. Cela est rassurant de se dire qu’il a pu connaître un peu de réconfort et de bonheur dans cette période particulière et difficile. C’est assez incroyable et émouvant d’y être et de se sentir si proche de mon grand-père que je n’ai pas connu.

Le 19 août, nous nous rendons à Eisenhüttenstadt, à la frontière polonaise, ville actuelle qui abritait auparavant le Stalag III-B. Avec l’aide d’un employé d’urbanisme de la mairie, quelques plans et le livre « Stalag III B » d’Axel Drieschner, nous retrouvons tant bien que mal les traces de ce stalag d’où ne subsiste quasiment rien.

(Photo personnelle non libre de droit, autorisée pour Heredis)

Une pierre posée au milieu d’un terre-plein marque l’entrée du quartier des officiers allemands, deux bâtiments sont également toujours là, dont l’un qui semble à l’abandon et l’autre qui est devenu une pension pour animaux. On imagine que ces bâtiments abritaient les douches et les dortoirs des officiers allemands. En parcourant quelques kilomètres en voiture, nous arrivons à un mémorial qui n’est malheureusement pas du tout entretenu. Quelques morceaux de route par laquelle arrivaient les prisonniers sont également visibles non loin de là, près d’une voie ferrée et dans des bois jonchés de détritus et qui semblent peu fréquentables.

(Photo personnelle non libre de droit, autorisée pour Heredis)

Le parcours reste cependant très émouvant car ce sont les seules traces que nous pouvons retrouver de ce stalag et imaginer ce qu’y a vécu mon grand-père pendant son séjour.

Nous terminons notre visite par un arrêt au musée de la ville qui abrite une petite section consacrée au stalag III-B.

(Photo personnelle non libre de droit, autorisée pour Heredis)

Quelques photos et documents sont consultables, mais toutes les indications sont en allemand donc il faut utiliser le traducteur sur nos téléphones pour tenter de recoller quelques morceaux. Il y a cependant les copies de certains extraits du récit en français de Max Lefort « Un prisonnier de la Vienne au stalag III B ». Le musée montre aussi quelques photos de prisonniers qui nous permettent de nous représenter la « vie » au stalag, notamment les dortoirs et les cuisines où les français passaient souvent aux fourneaux pour espérer manger un peu mieux.

Nous nous procurons ici le livre d’Axel Drieschner cité plus haut (disponible en allemand uniquement).

Le reste du séjour se déroule évidemment très bien, nous en profitons pour découvrir ce petit bout d’Allemagne dont Berlin ainsi que notre nouvelle famille. Nous passons un maximum de moments ensemble et partageons tous les repas et les visites. Il y a en effet plusieurs années à rattraper !

Le départ vers la France est émotionnellement très fort à nouveau, mais une chose est sûre, nous nous reverrons souvent car nous sommes désormais une famille franco-allemande unie. D’ailleurs, Yvonne, la fille aînée de Gertrud, est déjà venue nous rendre visite à Paris avec son mari, et Gertrud prévoit avec sa seconde fille Alexandra une visite à Paris et en Bretagne chez mes parents au mois d’avril 2023.

(Photo personnelle non libre de droit, autorisée pour Heredis)

Nous avons hâte !

Aurore M.
31/10/2022


During this difficult year-end period, we wanted to share with you a family story that is close to the heart of Sandra from Heredis, our customer service manager who answers French messages.

A Franco-German reunion: When Love is Stronger than War
Article written by Aurore M., the niece of Sandra from Heredis

I never got to know my paternal grandfather, Lucien (Marcel) M.
Born in 1902, he died in 1977 while I was born in 1983.
Yet, during the summer of 2022, fate gave me a chance to follow his footsteps and to be as close to him as I ever could.

This is the story of how I met my new family in Germany, the result of the love between my grandfather and a young German woman when he was a prisoner of war between 1940 and 1945.

We have but little information about his captivity period during World War 2; as a first sergeant, he was captured on June 21, 1940 in the Goviller forest (Meurthe-et-Moselle) and then sent to Germany, to Stalag III-B in Fürstenberg (Oder), 120 km southeast of Berlin, registered under the number 35955.

Stalags were transit camps for French prisoners who were then sent to arbeitskommandos or sometimes farms, depending on the needs; they replaced the German workforce gone to fight.

We don’t know much about the kommando(s) my grandfather was sent to; « Kdo 845 » is written on the back of one of the very few photos we have in our possession.

[1] My grandfather, in the lower right corner, playing the mandolin (personal family photo subject to copyright laws, use expressly authorized here for Heredis)

In this torn-off photo [1], we can see my grandfather surrounded by four other musicians, probably during one of the « recreational » moments they were granted. My grandfather played the mandolin but only a small piece of the head of the instrument remains visible on the photo.

Before being requisitioned for the war, my grandfather was a mechanic. According to the information collected, Kommando 845 employed 200 prisoners of war in an aviation factory. We know, among other things, that he was sent to Storkow, a small town located halfway between Stalag III-B and Berlin, where he worked in an auto repair shop between 1943 and 1945.

Again, we only have one photo [2], where he is sitting with three other coworkers in the back of a van.

[2] My grandfather sitting on the right (personal family photo subject to copyright laws, use expressly authorized here for Heredis)

There he met a German woman who lived in Storkow and who sometimes brought him some food: they fell in love with each other. Obviously, any relationship between a French prisoner and a German woman was forbidden during this time period, so they had to keep it extremely low key! We know for a fact that the two lovers would meet whenever they could in a small wood in Storkow; from this romantic relationship, a little girl named Gertrud was born on September 6, 1944.

Then my grandfather was liberated by the Russians on April 16, 1945; we can only imagine that he did not get to know his daughter Gertrud very well between the time of her birth and his return to France. It appears that there had been a correspondence between my grandfather and his German lover, in which he would have mentioned Gertrud, writing « ma petite Trud » as he called her. But for fear of reprisals from the German police who carried out controls and searched houses, and because it was forbidden to have relations with the so-called « enemy » country, Gertrud’s mother ended up burning my grandfather’s letters to prevent any potential suspicion.
Indeed, German women had to be extremely discreet about these taboo relationships as denunciations, humiliations and/or forced abandonments were quite common during this post-war period. French women faced the same fate when they had relationships with German soldiers who were in France during the Occupation.

Back in France, former prisoners wanted to forget the hard years they had just gone thorough and to resume their pre-war life, or restart a new one. Testimonies about their return home and the indifference of the French are tinged with sadness and disappointment. My grandfather, who had been married since 1925, already had a daughter when he left for the war. He never got to see her again; when he returned – and this happened to many other men – his wife had gotten engaged while he was away, probably to provide for her daughter and herself, certainly thinking that she would not see her husband again. Their marriage was dissolved in 1946 and the divorce granted in 1947.

[3] A photo of my grandfather taken before his return to France (personal family photo subject to copyright laws, use expressly authorized here for Heredis)

My grandfather found a job in Paris and met my grandmother, 23 years younger than him. They got married on June 3, 1950 and had 7 children between 1950 and 1966, including my father in 1953.

On the German side, with the construction of the Berlin Wall and the separation of the two Germanies, it was impossible to establish contacts and to carry out research in France, especially since Gertrud lived in the GDR (East Germany).
She had to wait until 1989 and the fall of the Berlin Wall to finally look for her father, which she had promised her mother she would do, before her death, and perhaps find a French family who could teach her more about her origins. She was 45 years old at the time, had very little data in her possession and only one photo of her father, during his period of captivity (the one where he is sitting on the cart with his coworkers in Storkow).

In 2015, my aunt Sandra wrote to the Military Archives in Caen to request information about my grandfather’s time as a POW. After several months of waiting, the Military Archives of Caen were kind enough to send us a digitized copy of the Stalag III-B register along with the letter sent by Gertrud back in 1990 to try and locate her father.

In 2020, we contacted the town hall of Storkow, asking for Gertrud’s contact information – she was already 74 by then – and eager to allow her to finally lift the mystery covering her origins by sending her ASAP a letter with photos of my grandfather and his « new » French family. From this point onwards, we communicated with Gertrud and her family on her regular basis during 2 years, mainly in English with her two daughters Yvonne and Alexandra, my new cousins, because we did not speak German and they did not speak French. Gertrud hence discovered that she was no longer an only child and that she had 7 brothers and sisters in France!

On August 17, 2022, after 2 years of Covid restrictions, the big day finally arrived! I left, with my parents and my sweetheart, for a week in Germany to meet my new family and to trace back my grandfather’s past.
We knew this meeting would be very intense emotionally and we just couldn’t wait! We were greeted by incredibly warm people with whom the connection established itself immediately, in a natural, effortless way, as if we had known each other forever. Everything we could wish for happened during this stay, we went from tears of being reunited to laughter while sharing photos, anecdotes, and family memories.

(Personal family photo subject to copyright laws, use expressly authorized here for Heredis)

Gertrud, having spent her entire life in Storkow surrounded by her family, was able to take us to some places filled with memories and emotions. The gas station where my grandfather worked no longer existed, but we were able to go to the little wood in Storkow, to the exact spot where he would secretly met Gertrud’s mother and where she brought him some food, on a little hill where there once were a table and a bench. It was comforting to realize that he was able to experience some warmth and happiness in this peculiar and difficult time. It was quite incredible and moving to be there and to feel so close to my grandfather whom I have never met.

On August 19, we went to Eisenhüttenstadt, on the Polish border, the actual town that used to house Stalag III-B. Thanks to a city hall employee, some maps, and the book « Stalag III B » by Axel Drieschner, we found the location of this stalag, of which almost nothing remained.

(Personal family photo subject to copyright laws, use expressly authorized here for Heredis)

A stone in the middle of a traffic island marked the former entrance to the German officers’ quarters; two buildings were still standing, one of which seemed to be abandoned while the other had become a pet boarding facility. We guessed that these buildings once housed the German officers’ showers and dormitories. After driving a few more kilometers, we got to a memorial which, sadly, had not been maintained at all. Not far from there, portions of the road where prisoners would arrive from were also visible, near a railroad track, in woods littered with garbage, a place seemingly far from being safe or welcoming.

(Personal family photo subject to copyright laws, use expressly authorized here for Heredis)

Yet, touring this area was still very moving to us because these were the only remains we could find of this stalag, to try to imagine what my grandfather experienced there during his (forced) stay.

We ended our visit with a stop at the city museum which had a small section dedicated to Stalag III-B.

(Personal family photo subject to copyright laws, use expressly authorized here for Heredis)

Some photos and documents were available for consultation, but everything was written in German so we had to use the translating app on our smartphones to try to put the pieces together. However, we found some excerpts (in French) from Max Lefort’s story, « Un prisonnier de la Vienne au stalag III B ». The museum also displayed photos of prisoners that helped us picture what « life » was like in the stalag, especially in the dorms and in the kitchens where the French often cooked for themselves, hoping to somewhat improve the quality of their grub.

There we bought the above-mentioned book by Axel Drieschner (available in German only).

The rest of the stay obviously went very well, we took the opportunity to discover this small part of Germany, including Berlin, as well as our new family. We spent as much time as possible together and shared all meals and visits. We had indeed quite a few years to catch up on!

The departure to France was very intense emotionally again, but one thing is for sure, we will see each other often because we are now a (re)united French-German family. By the way, Gertrud’s eldest daughter Yvonne has already come to visit us in Paris with her husband, and Gertrud and her second daughter, Alexandra, are planning a visit to Paris and Brittany at my parents’ home in April 2023.

(Personal family photo subject to copyright laws, use expressly authorized here for Heredis)

We can’t wait!

Aurore M.
2022/10/31


Zum Jahresende möchten wir mit Ihnen gerne eine Familiengeschichte teilen, die unserer Kollegin Sandra Bois, Kundenbetreuerin bei Heredis für den französischsprachigen Raum, sehr am Herzen liegt.

Liebe zu Kriegszeiten: meine deutsch-französische Familie endlich vereint
Artikel verfasst von Aurore M. aus Frankreich, die Nichte von Sandra
(Übersetzt aus dem Französischen)

Meinen Großvater väterlicherseits, Lucien (Marcel) M., habe ich nie kennengelernt.
Er wurde 1902 geboren und starb 1977; ich kam erst 1983 zur Welt.
Doch das Schicksal ließ mich im Sommer 2022 auf seinen Spuren wandeln und ihm sehr nahe kommen.Dies ist die Geschichte meiner „neuen” Familie aus Deutschland, deren Wurzeln bis zur deutsch-französischen Liebesgeschichte zwischen meinem französischen Großvater und einer jungen deutschen Frau zurückreichen, die er zwischen 1940 und 1945 als Kriegsgefangener kennenlernte.Wir wissen bis heute nur wenig über seine Gefangenschaft während des Zweiten Weltkriegs. Er wurde als Stabsunteroffizier am 21. Juni 1940 im Wald von Goviller (Meurthe-et-Moselle, Frankreich) gefangen genommen und nach Deutschland in das Stalag III-B in Fürstenberg (Oder) gebracht, das sich etwa 120 km südöstlich von Berlin befand. Dort bekam er die Nummer 35955 zugewiesen.Diese Stalags waren Stammlager für französische Kriegsgefangene, die anschließend je nach Bedarf in Arbeitskommandos oder auf Bauernhöfe weiter verteilt wurden. Sie sollten die deutschen Arbeiter ersetzen, die zur damaligen Zeit in den Krieg gezogen waren.Uns liegen nur wenige Informationen zu dem/den Arbeitskommando(s) vor, in dem/denen mein Großvater untergebracht war. Wir fanden den Vermerk „Kdo 845” auf der Rückseite eines der wenigen Fotos, die wir besitzen.[1] Mein Großvater vorne rechts beim Mandolinespielen (Privates Familienfoto, Freigabe ausschließlich für Heredis)

Auf diesem zerrissenen Foto [1] sieht man meinen Großvater mit vier weiteren Musikern, wahrscheinlich während ihrer „freien” Zeit, aus der sie wohl das Beste machen wollten. Mein Großvater spielte Mandoline, doch man sieht nur noch ein kleines Stück des Instruments auf dem Foto.

Bevor mein Großvater für den Krieg eingezogen wurde, hatte er als Mechaniker gearbeitet. Laut unserer gesammelten Informationen waren im Kommando 845 insgesamt 200 Kriegsgefangene einer Flugzeugfabrik zugeteilt. Wir wissen außerdem, dass er nach Storkow geschickt wurde, eine kleine Stadt zwischen dem Stalag III-B und Berlin, wo er zwischen 1943 und 1945 in einer Werkstatt arbeitete.

Von dieser Zeit haben wir ein Foto [2], auf dem er mit drei weiteren Kollegen hinten auf einem Laster sitzt.

[2] Mein Großvater rechts sitzend (Privates Familienfoto, Freigabe ausschließlich für Heredis)

Zu jener Zeit lernt er dort eine deutsche Frau kennen, die in Storkow lebte und ihm gelegentlich Essen brachte. Die beiden verliebten sich schließlich ineinander. Es liegt auf der Hand, dass eine Beziehung zwischen einem französischen Gefangenen und einer deutschen Frau zur damaligen Zeit absolut untersagt war, weshalb sie mehr als vorsichtig sein mussten. Wir wissen, dass sich die beiden so oft wie möglich in einem kleinen Waldstück in Storkow trafen. Ihre Liebe ließ schließlich ein kleines Mädchen am 6. September 1944 das Licht der Welt erblicken: Gertrud wurde geboren.

Am 16. April 1945 wurde mein Großvater dann von den Russen befreit. Er konnte seine Tochter Gertrud zwischen ihrer Geburt und seiner Rückkehr nach Frankreich also kaum kennenlernen. Scheinbar schickten sich mein Großvater und seine deutsche Geliebte daraufhin Briefe, in denen er seine Tochter Gertrud „meine kleine Trud” nannte. Doch aus Angst vor Vergeltungsmaßnahmen der deutschen Polizei, die Kontrollen durchführte und Häuser durchsuchte, und weil es damals verboten war, Beziehungen zum „feindlichen” Land zu unterhalten, verbrannte die Mutter von Gertrud die Briefe meines Großvaters, um nicht in Verdacht zu geraten.
Auch die deutschen Frauen mussten hinsichtlich dieser untersagten Beziehungen damals Stillschweigen bewahren, denn die Denunziation, Demütigung und/oder die erzwungene Kindesaussetzung waren in der Nachkriegszeit leider allgemein üblich. Doch auch die französischen Frauen teilten dieses Schicksal, wenn sie während der deutschen Besetzung Frankreichs mit deutschen Soldaten in Frankreich eine Beziehung eingingen.

Zurück in Frankreich wollten die ehemaligen Gefangenen ihre belastende Vergangenheit vergessen und ihr Vorkriegsleben weiterführen oder sich ein neues Leben aufbauen. Ihre Erzählungen von der Rückkehr und dem Gefühl der Gleichgültigkeit der Franzosen, die in der Heimat verblieben waren, sind geprägt von Traurigkeit und Enttäuschung. Mein Großvater war bereits seit 1925 verheiratet gewesen und hatte schon eine Tochter bekommen, bevor er in den Krieg zog. Er sah sie jedoch nie wieder: In der Überzeugung, ihren (eigentlichen) Mann nie wieder zu sehen, war seine erste Frau wie auch viele andere Frauen bei Rückkehr der Kriegsgefangenen bereits mit einem anderen Mann verlobt, wahrscheinlich, um so für sich und ihre Tochter sorgen zu können. Ihre Ehe wurde aus diesem Grund 1946 aufgelöst und die Scheidung 1947 ausgesprochen.

[3] Ein Foto meines Großvaters, das vor seiner Rückkehr nach Frankreich aufgenommen wurde (Privates Familienfoto, Freigabe ausschließlich für Heredis)

Mein Großvater fand im Anschluss Arbeit in Paris und lernte meine Großmutter kennen, die damals erst 23 Jahre alt war. Sie heirateten am 3. Juni 1950 und bekamen zwischen 1950 und 1966 insgesamt 7 Kinder, davon meinen Vater im Jahre 1953.

Von deutscher Seite aus war es mit dem Bau der Berliner Mauer und der Teilung Deutschlands unmöglich, Kontakte ins Ausland zu knüpfen oder Recherchen in Frankreich zu unternehmen, zumal sich Gertrud in der DDR befand.
So musste sie bis zum Mauerfall 1989 warten, um endlich ihren Vater suchen zu können, so wie sie es ihrer Mutter vor deren Tod versprochen hatte. Die Hoffnung bestand darin, vielleicht ihre französische Familie zu finden, die ihr bei der Suche ihrer Wurzeln behilflich sein konnte. Gertrud war also 45 Jahre alt und hatte nur wenige Informationen zur Hand. Nur ein einziges Foto ihres Vaters während seiner Gefangenschaft hatte sie von ihm, nämlich das, auf dem er neben seinen Arbeitskollegen in Storkow auf einem Laster sitzt.

Im Jahre 2015 kontaktierte meine Tante Sandra das Militärarchiv im französischen Caen und bat um Informationen zum Zeitraum der Kriegsgefangenschaft meines Großvaters. Nach mehreren Monaten Wartezeit schickte uns das Militärarchiv eine Auskunft zur Nummerierung des Stalag III-B sowie den von Gertrud im Jahre 1990 geschickten Brief, die damals ihren Vater suchte.

Im Jahr 2020 nahmen wir Kontakt zum Rathaus von Storkow auf und baten um Mitteilung der Kontaktdaten von Gertrud, die mittlerweile schon 74 Jahre alt war. Sie sollte endlich das Rätsel rund um ihre Wurzeln lösen können, weshalb wir ihr umgehend einen Brief mit Fotos meines Großvaters und ihrer „neuen” französischen Familie schickten. Es folgten zwei Jahre mit regelmäßigem Kontakt zu Gertrud und ihrer Familie, der hauptsächlich mit ihren beiden Töchtern (und meinen „neuen” Cousinen) Yvonne und Alexandra auf Englisch stattfand, da wir kein Deutsch und sie kein Französisch sprechen. Gertrud erfuhr so, dass sie kein Einzelkind ist, sondern gleich 7 Geschwister in Frankreich hat!

Am 17. August 2022 war es nach zwei Jahren pandemiebedingter Einschränkungen endlich so weit! Ich fuhr mit meinen Eltern und meinem Partner für eine Woche nach Deutschland, um dort meine neue Familie zu treffen und mich auf die Spuren meines Großvaters zu begeben.
Wir wussten, dass uns ein Treffen voller großer Emotionen bevorstand – und wir waren mehr als bereit! Wir wurden von unbeschreiblich herzlichen Menschen empfangen, zu denen wir direkt einen Draht hatten: Von Anfang an war da eine Vertrautheit, als ob wir uns schon ewig kannten. Während dieses Treffens stand viel auf dem Programm: Zwischen Freudentränen und Lachanfällen sahen wir uns Fotos an, erzählten und hörten Anekdoten und schwelgten in Familienerinnerungen.

(Privates Familienfoto, Freigabe ausschließlich für Heredis)

Gertrud hat ihr gesamtes Leben umgeben von ihrer Familie in Storkow verbracht und brachte uns an Orte, die tiefe Emotionen in uns weckten. Die Tankstelle, in der mein Großvater gearbeitet hatte, gibt es nicht mehr, aber wir konnten den kleinen Wald bei Storkow besuchen: genau den Ort, wo er sich mit Gertruds Mutter heimlich traf und wohin sie ihm Essen brachte. Ein magischer Ort auf einem kleinen Hügel, auf dem früher ein Tisch mit einer Bank stand. Es fühlte sich gut an, zu hören, dass er in dieser außergewöhnlich heiklen Zeit wenigstens etwas Trost und Glück erfahren konnte. Gleichzeitig war es für mich ein unbeschreibliches und zugleich sehr bewegendes Gefühl, selbst dort zu sein und mich meinem Großvater so nah zu fühlen, obwohl ich ihn nie kennengelernt habe.

Am 19. August fuhren wir nach Eisenhüttenstadt an die polnische Grenze, wo sich damals das Stalag III-B befand. Mithilfe eines Mitarbeiters vom Städtebau des Rathauses, einigen Plänen und dem Buch „Stalag III B” von Axel Drieschner fanden wir mehr schlecht als recht letzte Spuren dieses Stalags, von dem heute so gut wie nichts mehr übrig ist.

(Privates Foto, Freigabe ausschließlich für Heredis)

Ein inmitten eines Erdwalls aufgestellter Stein zeigt den Eingang zum Quartier der deutschen Offiziere, und auch zwei Gebäude gibt es immer noch, von denen eines wohl leer steht das andere als eine Art Tierheim genutzt wird. Wir versuchen, uns vorzustellen, wie in diesen Gebäuden damals die Duschräume und Schlafsäle der deutschen Offiziere untergebracht waren. Wir setzten unsere Reise mit dem Auto fort und gelangten nach einigen Kilometern zu einem Denkmal, das leider schon länger nicht mehr gepflegt wurde. Auch einige Teile der Straße, auf denen die Gefangenen transportiert wurden, waren nicht weit von dort noch sichtbar, in der Nähe von Gleisen und inmitten von mit abgeladenem Abfall verschmutzten Wäldern, die wohl kaum besucht werden.

(Privates Foto, Freigabe ausschließlich für Heredis)

Die Reise blieb bis zuletzt sehr emotional, da es die einzigen auffindbaren Spuren dieses Stalags waren und wir uns vorstellten, wie es meinem Großvater während seiner Gefangenschaft hier ergangen sein musste.

Zuletzt besuchten wir noch das Stadtmuseum, in dem ein Bereich dem Stalag III-B gewidmet wird.

(Privates Foto, Freigabe ausschließlich für Heredis)

Die Fotos und Unterlagen sind zwar frei zugänglich, doch alle Angaben sind auf Deutsch, weshalb wir uns nur mit dem Übersetzer auf dem Handy behelfen konnten, um diese Informationen wie Puzzleteile zusammensetzen zu können. Es gibt jedoch Kopien von bestimmten Auszügen der Schilderung „Un prisonnier de la Vienne au stalag III B” (in etwa: „Ein Gefangener aus dem französischen Département Vienne über seine Zeit im Stalag III B”) des französischen Gefangenen Max Lefort. Das Museum zeigt auch Fotos von Gefangenen, die einen kleinen Einblick in das „Leben” im Stalag ermöglichen, insbesondere von den Schlafsälen und Küchen, in denen die Franzosen mit der Hoffnung auf etwas besseres Essen oft am Herd standen.

Hier holten wir uns auch das Buch von Axel Drieschner, das ich bereits erwähnt habe (und das es nur auf Deutsch gibt).

Auch der Rest unseres Aufenthalts verlief sehr gut und wir nutzten die Gelegenheit, um diese Ecke Deutschlands inklusive Berlin sowie unsere Familie näher kennenzulernen. Wir verbrachten so viel Zeit wie möglich miteinander, aßen immer miteinander und unternahmen alle Besuche gemeinsam. Wir hatten und haben viele Jahre nachzuholen!

Unsere Rückreise nach Frankreich war auch wieder sehr emotional, doch eins war sicher: Wir würden uns schon bald wiedersehen, denn wir sind nun eine vereinte deutsch-französische Familie. So kam uns Yvonne, die älteste Tochter von Gertrud, schon mit ihrem Mann in Paris besuchen, und Gertrud möchte mit ihrer Tochter Alexandra im April 2023 nach Paris und zu meinen Eltern in die Bretagne reisen.

(Privates Foto, Freigabe ausschließlich für Heredis)

Wir können es kaum erwarten!

Aurore M.
31.10.2022